Le continent de Mérésie, baigné par un vaste océan, a longtemps été vu par ses habitants comme une terre bénie entre toutes, où il suffisait de se pencher pour ramasser les fruits de la terre. Dans cet environnement ô combien favorable, plusieurs civilisations ont ainsi vu le jour, séparées les unes des autres par des centaines de kilomètres, et de vastes plaines verdoyantes qui sont longtemps demeurées un véritables no man's land. 

Dans les savanes du Sud, la première des civilisations à voir le jour fut celle des Neferim, des hommes bruns et à peau mâte, qui bâtirent siècle après siècle un puissant royaume, dirigé par des monarques que son peuple voyait comme des dieux vivants, et faisant l'objet d'un véritable vénération, tant de leur vivant que dans leur mort. Cette civilisation qui tirait sa richesse de ses terres fertiles baignées par plusieurs grands fleuves parvint à ériger des monuments colossaux et splendides, des pyramides, ainsi que des temples aux dimensions jusqu'alors inégalées. Cette civilisation rayonnante prospéra seule durant des siècles sans connaître la moindre rivale. Les noms des pharaons qui les dirigeaient furent ainsi associés à une certaine idée de la majesté et de la grandeur, et ils pouvaient se vanter d'être rois des rois sans que nul n'y trouve à redire.

Mais tout a une fin, et cette suprématie grandiose fut bientôt remise en cause avec l'apparition, plus au Nord, par la République de Nysa qui vit le jour voilà sept siècles environ. La superbe cité de Nysa se dressa lentement, sortant les populations du Nord d'un âge de ténèbres qui prit fin avec son avènement. Les plus anciennes familles qui avaient bâti Nysa, les patriciens, tirèrent leur cité et leur peuple vers le haut grâce à leur Sénat, et à l'implacable force de leurs légions. Le savoir et les arts rayonnèrent sous l'égide des Nyséens, qui peu à peu étendirent leurs territoires à travers la majeure partie des contrées au Nord de la Mérésie, qu'ils civilisèrent, la couvrant de villes, de routes, et de monuments. Là où les Neferims régnaient en maître dans le Sud du continent, le Nord était désormais dévolu aux Nyséens qui le gardaient jalousement.

Dans l'Est du continent, couvert de sombres forêts embrumées, où ni les Neferims ni les Nyséens ne s'aventuraient, une peuplade se forma au gré des guerres de territoires entre les différentes tribus, et la nation des Gats émergea. Nul ne sait véritablement quand d'ailleurs. Peu à peu, des tribus de plus en plus imposantes se formèrent au fil des conquêtes des unes et des autres, et les habitants de ces forêts se désignèrent bientôt eux-mêmes comme les Gats. C'était un peuple sauvage et farouche, où la loi du plus fort était toujours la règle. Vivant dans des villages retranchés au fond des bois, les Gats continuèrent à se battre pour des territoires de chasse, de vieux contentieux,  des rivalités séculaires ou la simple soif de richesses et de pouvoir.

Sans s'ignorer totalement, ces trois nations prospérèrent ainsi durant des siècles, dans une paix relative, séparées les unes des autres par les Plaines de l'Oubli, où seules des caravanes marchandes se croisaient parfois. 



Les choses auraient pu continuer ainsi encore bien longtemps si les hommes avaient été plus sages. Mais ils ne le furent point, et bientôt, le Ciel et les Dieux ressentirent une profonde offense dans leurs attitudes, tant envers eux qu'avec leurs semblables. Après avoir fait resplendir leur civilisation, les Neferim se reposaient à présent avec paresse sur leurs lauriers, profitant des fruits de leur glorieux passé, se laissant aller dans une lente et pernicieuse décadence.
A Nysa, le vice et la trahison étaient devenus omniprésents, et les conquêtes jadis civilisatrices des légions nyséennes ne servaient plus qu'à piller et à ramener des esclaves pour satisfaire les envies de stupre des plus riches citoyens nyséens.
Quant aux Gats, ils n'apprenaient rien, et leur appétit de richesse et de pouvoir les poussaient toujours dans des cycles sans fin de violence, durant lesquels ils s'entretuaient avec une sauvagerie inouïe sans jamais se remettre en question. 

Un décret du Ciel tomba donc sur la tête des mortels. Courroucés comme ils ne l'avaient jamais été auparavant, les Dieux se rassemblèrent et leur sentence ne fut pas longue à tomber. 
Ils condamnèrent la Mérésie tout entière. Puisque les hommes vertueux devenaient aussi rare que la neige au cœur de l'été, et que les temples ne voyaient plus passer que des êtres perfides et lâches, chargés de péchés, et que les autels des dieux ne recevaient d'offrande que quand on en appelait à eux pour de biens mauvaises raisons, l'assemblée des Dieux annonça que tout cela devait à présent cesser, et que la Mérésie allait être plongée dans un cycle de châtiments et de rédemption. Ceux les meilleurs des hommes y survivraient, et seuls ceux-là auraient le droit de citer devant les Dieux. Aussi longtemps que durerait l'errance des hommes, leur punition se poursuivrait. Ils devaient apprendre de leurs erreurs et surmonter leur aveuglement obstiné. 

Pour débuter cette ère du châtiment, les portes des Enfers s'ouvrirent, laissant s'échapper les pires calamités qu'un esprit mortel ou divin pouvait concevoir.

Un Souffle Glacé s'abattit sur les terres les plus au Nord, et la République de Nysa, connue comme la terre de l'Eternel Printemps, vit soudain ces provinces septentrionales plongées sous des mètres de neige et de glace. En quelques semaines, des collines verdoyantes se changèrent en glacier, poussant les mortels à fuir vers le Sud pour se mettre à l'abri dans des contrées plus tempérées, pendant que gelaient les récoltes et le bétail. La banquise saisit le littoral au Nord, et le froid s'abattit sur la République de Nysa. 

Le Royaume de Nefer fut lui touché par un Souffle de Feu, qui balaya leurs terres, et le désert au Nord qui jusque-là marquait la frontière naturelle du royaume se mit à recouvrir des terres jusqu'alors fertiles, et peuplées. Les pâturages se changèrent en dunes de sables, et des cités entières furent englouties sous les sables, repoussant les populations vers les côtes alors que le climat devenait aride et que le soleil brûlait toute végétation que le sable avait jusque-là épargné. Plusieurs fleuves se tarirent, et cette terre d'abondance connut ses premières famines depuis des siècles. 

Les Gats, enfin, ne furent pas épargnés. C'est un Esprit de Mort qui visita leurs terres, et déchaîna leur vindicte et leur soif de sang, excitant encore plus leur cupidité et leur caractère belliqueux. Les tribus connurent un regain de violence comme jamais auparavant, et des hordes de guerriers Gats se mirent à déferler à travers différentes régions, mettant tout à feu et à sang. D'autres tribus, qui jusque-là vivaient sur des îles plus à l'Est, se mirent à déverser des navires entiers de guerriers venus remporter de nouvelles terres, poussant toujours les anciens occupants plus loin. 



L'ère du châtiment est entrée dans sa quarantième année. Le Décret du Ciel qui a frappé la Mérésie est à présent en train de produire tous ses effets. Le tiers Nord de la République de Nysa est à présent sous les glaces, et celles-ci progressent chaque jour un peu plus, rendant la nécessité de s'étendre au Sud de plus en plus impérieuse pour les Nyséens.
Les Neferims eux, doivent lutter au quotidien avec le désert qui menace de les engloutir, et la conservation de plusieurs de leurs villes mobilise des efforts toujours plus colossaux et des quantités de  ressources de plus en plus grandes. C'est donc vers le centre du continent qu'ils regardent à présent, désireux d'y déplacer leurs populations que le désert a chassé.
Les Gats, eux, se sont plongés dans des guerres de territoires sanglantes, et la pression démographique venue de leurs îles rend leurs forêts, déjà peu riches, encore plus inhabitables. Leurs regards se portent donc vers les plaines de l'Ouest, qu'ils entendent bien revendiquer pour y établir leurs tribus.

Les trois grandes nations de Mérésie, qui jusque-là voyaient les Plaines de l'Oubli comme un territoire dépourvu d'intérêt sont à présent aux aguets pour s'accaparer cette contrée, désormais connue sous le nom de Terres Disputées. Elles représentent le seul salut possible pour ces trois peuples, mais aucun n'entend les partager avec les deux autres. C'est une guerre totale et éternelle qui a éclaté, avec pour enjeu les plaines que tous voient comme la clé de la survie. 
Si elles doivent un jour être le paradis sur terre rêvé par les dirigeants des trois nations, elles sont pour l'instant un enfer, en proie à la plus grande violence. Les armées y marchent et s'y affrontent, et chacun veut poser les jalons d'un établissement durable, aussitôt contesté par les deux autres. Les colonisations se multiplient un peu partout, mais les combats rasent la plupart des établissements. Les villages brûlent, et des colonnes d'esclaves repartent enchaînés vers le pays de leurs bourreaux. 

Il vous faudra brandir votre épée, et apporter la rédemption tant espérée en conquérant les Terres Disputées. Battez-vous, et vainquez! Ou bien, préparez-vous à goûter à l'amertume de la défaite et aux chaînes.

Les Dieux vous contemplent.